L’interview – Septembre 2024

« Il faut être capable d’organiser, de prévoir les besoins éthologiques, de respecter l’animal et de se professionnaliser pour mieux maîtriser une thérapie assistée avec les animaux, de la médiation ou du soutien. »

Manuel MANGOLI

Vétérinaire, formateur et chercheur indépendant.

1- Bonjour Manuel, malgré ta notoriété, peut-être certains de nos lecteurs ne te connaissent pas encore, peux-tu te présenter et nous dire sur quels thèmes portent tes dernières recherches et travaux ?

Bonjour, je suis vétérinaire (comportementaliste), chercheur indépendant et formateur. J’applique le modèle PNEI (la psychoneuro endocrino immunologie, une approche que j’applique à la sauce italienne, selon les indications de la SIPNEI) avec les animaux. Que ça soit dans ma pratique clinique quotidienne ou dans mes études et recherches. Au-delà du nom qui peut faire un peu peur, c’est l’ensemble des mécanismes qui étudient l’interaction avec la psyché et les systèmes biologiques (la psychodermatologie, les troubles du comportement associés aux pathologies organiques, etc.). Tout ça avec une vision toujours holistique de la prise en charge, avec beaucoup d’attention à la réponse du corps, des émotions, tous ensemble pour améliorer les bien-être de l’animal. Bien évidemment avec une attention particulière aux animaux au travail, l’ergonomie qui caractérise les meilleures conditions de collaboration avec eux. A ce sujet, mes dernières recherches et travaux sont concentrés sur la recherche de possibles marqueurs biologiques ou comportementaux pour mieux décrire une possible réponse de stress du chien (guide ou d’assistance, voir dans la médiation animale) et aider les professionnels à mieux assurer son emploi avec nous, dans notre quotidien.

2- Quel regard portes-tu sur les pratiques de médiation animale en France aujourd’hui ?

La pratique française est souvent hétérogène, avec un peu de confusion par rapport aux acteurs sur le terrain. Au-delà des professionnels formés et des animaux éduqués et suivis, on trouve d’autres pseudo-professionnels ou encore ceux qui pensent l’être, sans parcours de formation spécifique et parfois peu attentif aux besoins de l’animal (j’en vois pas mal en consultation comportementale). Ça ne suffit pas d’amener un chien ou un autre animal calme et sympathique pour créer une émotion chez quelqu’un en difficulté. Il faut être capable d’organiser, de prévoir les besoins éthologiques, de respecter l’animal et de se professionnaliser pour mieux maîtriser une thérapie assistée avec les animaux, de la médiation ou du soutien. Par exemple, la figure du chien de soutien émotionnel n’est pas reconnue en France (heureusement, selon moi) et ça n’a rien à voir avec la médiation animale.  

3- On entend souvent dire que l’Italie est en avance sur la législation sur les relations homme/ animal, et les pratiques de médiation animale, est-ce vrai ? et peux-tu nous en dire plus ?

L’Italie a beaucoup travaillé dans le passé pour faciliter la relation homme-animal et réduire le nombre d’abandons ou les pratiques associées à la violence sur les animaux. Des projets récents (je peux citer entre autres « IN-HABITS » à Lucques, en Toscane) représentent un exemple de travail en synergie entre politique locale, associations, population et professionnels du secteur. Des projets qui vont sûrement se développer ultérieurement dans le futur, qui visent à sensibiliser au sujet de la santé des hommes et des animaux (le concept de « One Health » est aujourd’hui primordial dans la médecine humaine et vétérinaire). La médiation animale (souvent appelée pet-therapy en Italie) a pris beaucoup d’ampleur ces dernières années grâce à un travail très important qui a fait travailler institution, ministère de la santé et associations qui pratiquent la médiation animale. Depuis 15 ans en Italie, il existe un Centre de Référence Nationale pour les pratiques assistées avec les animaux (IZS delle Venezie) qui a récemment (2023) mis en ligne une plate-forme dédiée (DigItal-Pet). Ce projet a permis de définir une liste de professionnels reconnus par l’État (des vétérinaires ou d’autres professionnels de la santé formés spécifiquement à la médiation animale, des institutions ou structures socio-sanitaires agréées et des responsables ou opérateurs en médiation animale, avec un titre reconnu). Il est intéressant de voir comment tout ça va évoluer, le fait est que nous ressentons de plus en plus le besoin d’une interaction positive avec l’animal, mais qu’heureusement plusieurs intervenants sont également en recherche du bien-être nécessaire de l’animal, en priorité. On croise les doigts !

4- Si nous voulons approfondir le thème du bien être animal en MA, aurais tu un livre ou une publication récente à nous conseiller pour cette rentrée?

Deux livres qu’on peut facilement trouver en France : « Zoopolis : une théorie politique des droits des animaux » et « Médiation animale à tous les âges de la vie – 13 études de cas » (où j’ai eu la chance d’écrire le chapitre sur l’éthique animale). Un autre livre en anglais, qui fera réfléchir beaucoup de lecteurs : « Animal Labour: A New Frontier of Interspecies Justice? ».


OPCO SANTÉ : Opérateur de Compétences du secteur privé de la santé

Nous sommes très heureux de vous informer que notre Institut a été retenu à la suite de l’appel d’offre de marché public de formation « Initiation à la médiation par l’Animal » de l’OPCO Santé auquel nous avons soumissionné sur l’ensemble des 12 lots qui couvrent tout le territoire national !

Nous aurons donc en charge la réalisation des formations de sensibilisation de médiation animale sur l’ensemble des établissements médicosociaux adhérents à l’OPCO Santé durant une période de 4 ans. Ont été pris en compte prioritairement le niveau de l’expérience et le professionnalisme ainsi que la capacité à dispenser des formations de qualité sur l’ensemble du territoire.

Ce succès tient également aux valeurs qui sont les nôtres et tout particulièrement au fait que notre institut s’est toujours positionné pour :

• Favoriser l’accès à la médiation animale aux professionnels du secteur médicosocial associant les animaux à leur pratique professionnelle.

• Permettre également aux personnes extérieures exerçant en profession libérale désirant mettre en place l’organisation d’ateliers de médiation animale au sein d’établissements qui ne souhaitent pas internaliser cette pratique.

Rappelons également qu’à aucun moment le praticien en médiation animale ne saurait se substituer aux personnels des établissements en charge de la prise en soin des patients et c’est pour cela que nous revendiquons depuis 20 ans la participation systématique des référents institutionnels dans nos séances.

20 ans déjà que nous nous battons pour le développement de la médiation par l’animal et pour qu’elle soit enfin reconnue comme une activité professionnelle à part entière. Nous l’avons obtenu depuis 2018 par la reconnaissance de notre titre à la suite de son inscription au répertoire national des certifications professionnelles RNCP.